Animée par Hicham Benaissa, doctorant en sociologie des religions, cette rencontre organisée par FACE Loire Atlantique, le 5 mai matin, a réuni une vingtaine de participants, pour la plupart des responsables d’entreprise ou professionnels des Ressources Humaines.
La gestion du fait religieux en entreprise est aujourd’hui un réel sujet d’actualité.
En effet, on assiste à une recrudescence des pratiques et des croyances depuis les années 2000. *
Ce petit déjeuner a eu lieu à Montoir de Bretagne, dans les locaux de GDF Suez Thermique France/SPEM, entreprise partenaire de l’association FACE Loire Atlantique.
Au cours de cette rencontre, les participants ont pu mieux comprendre l’historique de la problématique du fait religieux en entreprise, appréhender l’ensemble des outils juridiques qui régulent cette question, et identifier la spécificité sociologique des différentes manifestations du fait religieux dans l’entreprise.
L’objectif consistait aussi à permettre au manager d’entreprise de maitriser les outils de managements adaptés à cette question.
Après un rapide quizz interactif avec la salle sur le fait religieux, l’intervenant a soumis plusieurs cas pratiques aux participants répartis en sous-groupe : « Vous êtes responsable du service informatique et votre salarié vient travailler un matin avec une kippa. Que faites-vous? », « Une salariée de votre service souhaite réduire sa pause déjeuner et terminer moins tard sa journée parce qu’elle jeune? Comment réagissez-vous? », « 40% de vos salariés souhaitent prendre un jour de congé pour la fête de la fin du ramadan. Que faites-vous? »
La sensibilisation au fait religieux a ensuite débuté avec un rappel de la définition du principe de laïcité.
Puis l’animateur a présenté le cadre juridique portant sur le fait religieux en entreprise : que dit le droit ? De la Cour Européenne des droits de l’homme, à la constitution, au droit du travail, au règlement intérieur.
Hicham Benaissa a énoncé les 6 principes identifiés comme restrictions de l’expression religieuse dans une entreprise privée :
– La première série de critères protège les individus. Elle garantit la liberté d’autrui, sa sécurité et les conditions d’hygiènes.
– La deuxième série de critères concerne la bonne marche de l’entreprise. il s’agit d’évaluer la compatibilité d’une pratique religieuse avec les aptitudes du salarié à remplir sa mission.
Au terme de cette sensibilisation, les cas pratiques ont pu été solutionnés collectivement par l’assemblée.
Afin de gérer au mieux le fait religieux dans l’entreprise, on retiendra que le manager a tout intérêt à engager un dialogue social avec les salariés concernés sur le sujet : ce dialogue permet de reconnaitre le salarié et de briser les tabous, même si dialoguer ne signifie pas tout accepter.
Par ailleurs, le responsable d’entreprise doit veiller à ne pas se fier à ses jugements personnels mais uniquement aux intérêts de l’entreprise.
* En 2015, la part des managers qui traitent régulièrement des questions liées au fait religieux est de 23 %, soit le double que voici un an à la même époque. Source 3ème étude OFRE / Institut Randstad du 21 avril 2015 sur le fait religieux en entreprise.