Les chiffres font froid dans le dos. En France, chaque jour, pas moins de 1 000 personnes apprennent qu’elles sont atteintes d‘un cancer... Et sur ces 1 000 personnes, 400 sont en activité.
Une étude récente* fait apparaître que 12 % des travailleurs salariés interrogés ont déclaré avoir fait l’objet d’attitudes de rejet ou de discrimination liées directement à leur maladie de la part de collègues de travail.
Alors, comment mieux accompagner les collaborateurs atteints d’un cancer lors de leur reprise au travail ?
Tel était le thème du petit déjeuner organisé par FACE Loire Atlantique en partenariat avec la Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique, le 28 septembre dans les locaux de la Caisse d’Épargne BPL.
Comment mieux comprendre la maladie, ses traitements et ses répercussions sur le plan professionnel. Comment prévenir les risques de désinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer ? Quelles bonnes pratiques adopter pour diminuer ces risques ?
Laurence Robert, chargée de mission et Danièle Piat, bénévole pour Lig’ Entreprises et Gisèle, patiente ressource** sont intervenues pour témoigner et répondre aux interrogations des participants.
Lig' Entreprises a notamment présenté deux grandes étapes de la maladie : l’annonce du cancer et la reprise du travail.
« Quand le salarié apprend qu’il a un cancer, il est souvent dans un état de sidération d’autant que la plupart des personnes apprennent leur maladie lors d’un banal contrôle.
Il peut alors choisir de l’annoncer rapidement, de différer l’annonce ou… ne rien dire. Chacun réagit de façon différente », explique Laurence Robert.
L’employeur peut se montrer maladroit
Face à la nouvelle, l’employeur se sent souvent déstabilisé, il ne sait pas toujours comment réagir. Le manager et l’équipe s’interrogent sur l’impact qu'aura la future absence sur l’organisation du travail et la productivité. Et l’employeur peut se montrer maladroit. « Quand j’ai annoncé à mon supérieur hiérarchique mon cancer, sa réaction a été : « ah non, pas toi ! », témoigne Gisèle. Lors de sa reprise de poste, le salarié revient souvent changé avec une nouvelle vision de la vie. On constate aussi des envies d’autre chose, de changement de poste ou d’entreprise.
Pour lui, l’équilibre emploi/travail a évolué. Il souhaite tourner la page de la maladie... mais demeure inquiet et se pose la question : la maladie est-elle encore là ? D’autant qu’il a quitté l’univers sécurisant des soins.
Le temps de la convalescence est souvent une période de déprime, et le retour au travail est ponctué d’interrogations, de doute. « Je ne suis ni tout à fait comme avant, ni tout à fait comme les autres… »
Pour ces raisons, la reprise doit être anticipée et préparée tant du côté salarié que du côté de l’employeur et de l’équipe. Le salarié doit réfléchir à son retour, discuter avec son supérieur de l’organisation de son poste de travail, reprendre contact avec ses collègues.
« Il a intérêt à solliciter une visite de pré reprise et si nécessaire de faire une démarche de RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé). L’aménagement du temps de travail est souvent bénéfique. Le temps partiel thérapeutique est une solution pour reprendre en douceur le travail », explique Laurence Robert.
Gisèle confirme la nécessité de savoir reprendre en douceur : « Je suis revenue comme si je revenais de vacances, témoigne-t-elle. Mais très vite, je suis retombée dans la vraie vie avec ses contraintes et je n’étais pas prête à les affronter. J’aurais dû prendre plus de temps avant de reprendre le travail car finalement, j'ai craqué ».
Des gestes simples qui font du bien
Pour permettre un retour dans de bonnes conditions, des petites choses, des phrases simples peuvent être proposées par l’équipe et l’encadrement : « Une petite photo de la plante au bureau qui sera en pleine forme pour ta reprise 😊».
Un mail collectif pour dire qu’on pense à la personne. Un bouquet de fleurs sur le bureau le jour de la reprise. L’équipe peut aussi proposer au salarié, durant son arrêt, de venir à des moments de convivialité (galette des rois, pot de départ…). Une façon de lui dire qu’on pense à elle et qu’elle fait toujours partie de l’équipe.
Une personne volontaire peut être référente pour prendre des nouvelles du salarié en arrêt.
Garder le lien avec la personne est le meilleur moyen de lui témoigner de son soutien.
A noter : cette animation a été le point de départ de l’action Agir Santé menée en partenariat avec la Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique. FACE Loire Atlantique recherche des entreprises intéressées pour être sensibilisées sur le sujet, s’engager dans le parrainage d’une job academy dédiée à des personnes ayant eu un cancer, soutenir financièrement le projet Agir Santé, etc.
(Texte et photos Joelle Martin)
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Plus d’infos :
FACE Loire Atlantique - Marco Billot, directeur
mbillot@facela.fr - 06 87 86 11 74
Lig’ Entreprises
Laurence Robert, chargée de mission
laurence.robert@ligue-cancer.net - 06 47 61 72 64
** Une patiente ressource est une personne qui a eu un cancer et qui met le vécu de sa maladie au service de ceux qui sont à leur tour touchés par la maladie.